dimanche 25 juillet 2010

La vidéo de Pierre A.

Une fois n'est pas coutume, je vais transiger à ma règle de ne pas poster de choses qui ne m'appartiennent pas.
Je ne peux résister à la tentation de vous présenter la vidéo que Pierre A. , CP77 avec CTC, vient de terminer. Elle illustre assez bien une partie de la phase de formation en Nouvelle-Zélande, et j'avoue qu'elle m'a donné un bon coup de blues.
J'espère qu'il ne m'en voudra pas.

Voici l'adresse de son blog : http://latetenlair.over-blog.com

Régalez-vous, et encore chapeau, Pierre !


CP77 New Zealand VFR Phase from Pierre on Vimeo.

mardi 20 juillet 2010

Article I : La préparation du vol

Les gens fantasment beaucoup sur le métier de pilote de ligne, sans finalement trop savoir ce qu'il en est. Je vais donc essayer, tant que faire se peut, de vous décrire dans une série d'articles le quotidien d'un pilote.
N'hésitez pas à poser des questions ou à commenter à l'issue des articles, je me ferai une joie d'essayer d'y répondre.

Le premier de ces articles est consacré à la préparation de vol. Je sais que pas mal d'entre vous ont déjà demandé des précisions sur cette phase, voici votre voeu exaucé.

La préparation du vol.

Les pilotes de ma compagnie sont supposés se rendre à la Crew room au minimum une heure avant le départ du vol. De manière générale, les copis arrivent en avance afin de préparer au mieux les documents de vol pour l'arrivée du captain. Tout est timé avec précision, et il n'y a que très peu de temps pour les bavardages concernant le barbecue de la veille ou sur la couleur du nouveau bateau que le commandant envisage d'acheter.

A l'arrivée, nous partons sur les ordinateurs qui ornent les murs de la salle de briefing afin d'y vérifier qu'aucun changement ne nous affecte (nouvelle route, équipage qui arrivera en retard, etc...) et nous enregistrons sur le système.

Pour la documentation de vol, nous utilisons les mêmes systèmes que la Lufthansa, un système appelé LIDO briefing. Cette documentation très complète nous fournit toutes les informations (utiles et moins utiles) relatives au vol : la route empruntée, les différentes masses de l'appareil, les aéroports de déroutement, les NOTAM (voir ci-après), la météo sur les aéroports en route, au départ et à destination, les SIGMET, et les NTC.


Evidemment, comment parler de briefing sans utiliser un jargon... Bien que j'essaie de rendre l'exposé clair, veuillez m'excuser si quelques zones d'ombres subsistent.

Description :

Les NOTAM (NOtice To AirMen) sont des messages publiés par les agences gouvernementales de contrôle de la navigation dans le but d'informer les pilotes d'évolutions sur les infrastructures (une navaid en panne, une grue sur un aéroport, etc...)

Les SIGMET (SIGnificant METeorological information) sont des messages destinés aux avions en vol signalant des phénomènes météorologiques dangereux et observés et/ou prévus.

Les NTC (Notices to Crew) sont des messages émis par les compagnies à l'attention de leurs pilotes pour attirer leur attention sur certains points particuliers (nouvelle procédure, par exemple)

Le briefing LIDO est imprimé généralement par le copilote, et a été préparé en amont par une équipe au sol dont c'est le job.

Le temps que le commandant arrive, j'ai pour habitude de lire une première fois les documents et d'en relever les points importants. Dans le même temps, lorsque je ne suis pas familier des procédures de l'aéroport où nous nous rendons, il nous est possible de consulter les cartes Jeppesen (l'organisme qui nous fournit les cartes) mises à disposition.


L'arrivée du commandant est souvent simultanée à celle des cabin crews. Pendant que les pilotes se briefent sur le vol, les crew revoient leurs procédures et discutent des conditions particulières propres aux vols du jour.

A l'issue du briefing, nous choisissons, souvent d'un commun accord, qui effectuera quel vol.
Pour comprendre cela, il faut savoir que les tâches du commandant et du copilote sont réparties en "PF" (pilot flying) et "PNF" (pilot non flying). Le PF, comme son nom l'explique, est celui qui pilotera effectivement l'avion, qui actionnera le manche, qui fera monter, descendre, accélérer ou tourner la machine. Le PNF, lui, actionnera le reste : communications, monitoring des actions du PF, vérification des niveaux de fuel, etc...
Ces tâches sont alternées : il est commun que le commandant soit PF sur un secteur et le copi sur le retour.
Eh oui, contrairement aux idées reçues, les 2 pilotes font la même chose !
Bien entendu, le commandant reste le maître à bord et peut reprendre le rôle de PF quand bon lui semble. Après tout, c'est son avion...

Une fois le briefing terminé, les rôles attribués et la quantité de pétrole déterminée, nous allons rencontrer le reste de l'équipage afin de communiquer les informations importantes (café noir sans sucre pour moi). Puis nous faisons route vers l'avion, non sans avoir préalablement vérifié s'il était à l'heure, et son stand.

Bien entendu, nous franchissons les lignes de sécurité et montrons patte blanche.
L'avion est là, et l'activité autour est incessante. Avec un peu de chance, le camion de refuel est déjà là, prêt à envoyer des tonnes de carburants dans les ailes de l'engin.


Pendant que l'équipage effectue ses vérifications de sécurité dans la cabine, le commandant ouvre le Tech Log (la Bible de l'avion, tous les défauts de ce dernier y sont mentionnés, archivés, vérifiés par les ingénieurs et éventuellement planifiés pour réparation ultérieure). Le copi en prend connaissance.


C'est à ce moment que le PF et le PNF entrent dans leur rôle respectif. Pendant que le PF prépare l'ordinateur de bord, le PNF sort de l'avion et effectue une vérification visuelle de la condition générale de l'appareil. Il y cherche à l'oeil nu ce que les systèmes ne peuvent détecter (trou dans la carlingue, déformation d'une pâle de moteur, pneu usagé, indicateurs de freins proches de 0, etc etc...).
Le moindre soucis, et les ingénieurs sont alertés et dépêchés sur place pour évaluer le problème.

Le PF, quant à lui, entre la route dans le FMGC (l'ordinateur de bord) et autres paramètres.
A son retour à bord, le PNF prépare les performances de l'avion. Pour se faire, nous avons à notre disposition un LPC (un ordinateur portable "Less Paper Cockpit").


Cet outil nous permet d'économiser pas mal de temps, et nous donne, pour une configuration donnée, météo donnée, un poids et une répartition du poids donnés, les meilleures vitesses à adopter pour le décollage. Le papier blanc que vous voyez sur le LPC est ce qu'on appelle la "loading sheet". Elle communique le nombre de passagers classés ainsi : Hommes, Femmes, Enfants, Nourrissons. En effet, à chaque catégorie correspond un poids moyen. Il nous présente également quel poids de bagages se trouvent dans les compartiments cargos. Avec toutes ces données, nous avons une estimation précise du poids de l'avion et de son centre de gravité, permettant, comme expliqué plus haut, de calculer les vitesses optimales.

Le principe d'une compagnie low cost, c'est d'utiliser ses avions en l'air le plus souvent possible. Ainsi, chaque minute au sol est une perte de temps pour la compagnie. Nos rotations sont généralement planifiées en 30 minutes. Pendant que les pilotes préparent l'engin, les cabin crews ont terminé leurs vérifications et préparations dans la cabine pour accueillir les passagers.


Les passagers sont à bord, la clairance de départ est donnée par le contrôleur du coin, les portes sont fermées, l'avion est prêt à partir. Mais ça, ça sera pour un prochain numéro !

samedi 17 juillet 2010

Etre informé d'un nouveau message ?

Je viens de découvrir une nouvelle fonctionnalité sur blogger, à savoir qu'il est possible que le site vous envoie une notification lorsqu'un nouveau message est publié !

Si vous êtes intéressé(e) par cette option, faites-le moi savoir dans les commentaires ou directement par email.

Et merci pour votre fidélité à mon blog, nous allons bientôt atteindre les 30.000 visites ! Ca méritait bien un petit brush-up !

vendredi 16 juillet 2010

La carte de mes vols !!

Je me suis amusé aujourd'hui, non sans mal et avec l'aide de l'ami Kayou, à créer une carte interactive de mes vols. Je cherche encore comment l'intégrer directement sur le blog, mais en attendant, vous pouvez cliquer sur l'image pour vous amuser à voir les routes que j'ai empruntées.


Par ailleurs, vous pouvez visiter le blog de Kayou, qui en termine presque avec sa formation théorique avec CTC.

Retrouvez toutes mes routes dans la page "mes vols" en haut du blog.


mercredi 14 juillet 2010

Le bout du tunnel ?

J'écris cet article depuis Berlin, où j'ai accepté la proposition de la compagnie de me re-baser temporairement pour un mois.

Et comme cela fait un bout de temps que je ne vous ai plus parlé d'aviation, je vais remédier à cela en tentant de vous apporter quelques précisions sur les conditions actuelle du marché, ce qui se passe chez nous, et plus si affinités.

Avant toute chose, disons le clairement, on commence à sentir le vent de la reprise sur le coin de nos logbooks. Depuis quelques semaines, les compagnies semblent rouvrir les portes des cockpits, confirmant ainsi ce qui a été constaté depuis que l'aviation commerciale existe : c'est un domaine extrêmement cyclique.

Ainsi, après avoir eu la chance d'être pris par easy au moment où les recrutements étaient gelés quasiment partout ailleurs, j'ai accumulé suffisamment d'heures pour postuler, si le coeur m'en dit, ailleurs. Mais est-ce cela que je souhaite, la question est posée.

En effet, à force de tirer sur tous les coûts possibles et imaginables (hormis les coûts d'entretien), les équipages sont fatigués, les bases sont en sous effectif et des vols sont annulés tous les jours à cause du manque de pilotes. Une situation difficilement tenable s'il en est... Du coup, la compagnie a décidé de créer un contrat "au rabais" pour les nouveaux entrants, avec des conditions abominables, mais qu'aucun jeune ne peut refuser en raison de l'état du marché du travail en aéronautique.

Ces jeunes, malléables à foison, sont envoyés aux 4 coins du réseau pour tenter de repeupler les bases à moindre coût. Mais dans le même temps, la compagnie manque de commandants. Donc, des First Officers sont formés pour la place gauche. Le problème du manque de copis n'est donc, cqfd, pas résolu...

Dans le même temps, les premiers copis à être arrivés sur les termes "flexibles" (dont je fais partie) ont monté leurs heures patiemment et commencent à prétendre à des conditions salariales supérieures. La compagnie est prise à son propre jeu !
Résultat, on nous propose désormais d'être basés temporairement dans certaines bases moyennant une augmentation du salaire de base et surtout un minimum garanti pour la première fois !

Voilà comment je me retrouve dans un très bel hôtel à Berlin, payé pour 31 nuits par la compagnie, avec une augmentation de salaire et un minimum garanti !
Ce même type de proposition a été faite pour la base parisienne de notre choix. Ni une ni deux, j'ai bien entendu accepté d'être rebasé à CDG pour 4 mois, logé pendant 120 nuits aux frais de la princesse orange au Sheraton.
Oui, cela coûte cher, mais ils l'ont bien cherché, quelque part...

Ailleurs, les offres d'emploi réapparaissent progressivement. Qatar, Etihad, Emirates, Vietnam Airlines, Korean, Turkish et Easyjet Swiss recrutent à l'heure actuelle des pilotes expérimentés. Nous allons donc pouvoir très bientôt faire jouer la concurrence, il était temps !

Cette amélioration est une excellente nouvelle également pour les nouveaux entrants, qui vont peut être devoir moins patienter pour obtenir le contrat permanent auquel ils aspirent. Affaire à suivre.

Sinon, pour parler d'autre chose, j'ai passé mon simulateur des 6 mois la semaine dernière. Pour les personnes non initiées, cela consiste à nous enfermer un commandant et moi dans une boîte, avec un instructeur à l'arrière qui s'amuse à nous coller des pannes de toutes sortes pendant 2 X 4heures. A nous de nous poser avec le moins de dégâts possibles.
Le 1er jour, nous étions censés effectuer un Gatwick - Amsterdam - Gatwick. Le commandant de voler le premier secteur, moi le retour.

Nous avons terminé la journée avec, au compteur un moteur en feu que nous avons pu éteindre, une roue bloquée, des volets qui ne sortent pas, un feu cargo non éteint, des passagers malades, un changement de piste et une aide à l'atterrissage qui est tombée en panne alors que nous tournions en finale. Vive le sport.

La seconde journée est plus orientée "entraînement". Pannes moteurs à gogo, révisions de procédures (TOGA 10, décrochage, emergency evacuations, unreliable airspeed...).

Bien que ce type de simulateur ne soit obligatoire que tous les ans, easy nous y envoie tous les 6 mois, avec la perpétuelle menace d'être retiré de la ligne si les performances sont jugées insuffisantes. Mais avec l'assurance de ressortir confiant dans nos procédures.

Voilà les dernières nouvelles du front, les choses bougent, et on s'accroche. Tout n'est pas rose, mais comme je le répète sans arrêt : à partir du moment où l'on ferme la porte du cockpit, les soucis restent à l'extérieur car on se souvient des amis qui n'arrivent pas à décrocher ce boulot et à assouvir leur passion au quotidien.

Sur ces belles paroles, le prochain article sera écrit depuis Paris Charles de Gaulle. Vous n'imaginez pas un instant come j'ai hâte d'y être...