vendredi 20 novembre 2009

Cat III b

Mes débuts dans l'aviation commerciale sont forcément faits de premières, mais celle-ci avait un goût tout particulier. A l'occasion d'un vol vers Bordeaux, voilà ce qu'on pouvait lire sur le METAR du coin :
LFBD xx0530 23001KT VV/// BCFG 7/7 Q1020

"Qu'est-ce que c'est que ce charabia", doivent se demander les gens pour qui cette suite de lettres et de chiffres s'apparente à un enchevêtrement de symboles sans aucun sens...

Un METAR (METeorological Airport Report) est en fait un rapport d'observation à destination des pilotes, pour leur définir les conditions d'un aéroport en particulier.
Chaque "bloc" correspond à une définition précise. Dans le cas présent, LFBD est l'aéroport de Bordeaux Merignac. xx0530 est la date et l'heure du rapport (ici, 6h30 du matin, heure française). 23001KT est la direction du vent, et son intensité (ici, quasi nul, puisque de 01 noeud). VV/// signifie qu'il n'est pas possible de définir la couche nuageuse par l'observateur. BCFG = Bancs de brouillard. Q1020 ... euh... ça vous sera expliqué plus tard.

Quand on lit un METAR comme celui qui nous est présenté au beau milieu du vol, on se dit que ça va être un peu plus sportif qu'à l'accoutumée. Chouette chouette chouette. Quel passionné n'a jamais regardé une vidéo d'avion se posant dans un épais brouillard ?
Le commandant avait pris les manettes depuis Lyon, en prévision de ce brouillard à l'arrivée.

Arrivés dans la zone de Bordeaux, pas de surprise, le brouillard est toujours là et bien là. Une visibilité sur la piste de 700 mètres... on va rire ! On est bien au delà des minimas sur les cartes, mais quand même. Ca sera donc une approche cat IIIb, avec une DH à 25ft. ("mais qu'est-ce qu'il raconte??"). Pour schématiser, si, durant l'approche, nous ne voyons pas la piste à une altitude de 25 pieds, on remet les gaz. Mais 25 pieds, c'est bas... Si nous avions à remettre les gaz à cette altitude, il est possible que nous touchions la piste avant de redevenir airborne.

Au final, l'avion s'est bien posé tout seul, la visi n'avait pas l'air aussi mauvaise que prévue, et nous avons roulé très, très lentement vers les portes de Mérignac. pour y prendre un bon bol ...de brouillard.

Pour finir, voici quelques photos prises lors d'une cession spotting avec Maxime.
A très vite !


mercredi 4 novembre 2009

"Saint Ex Tower, good morning"

Grande nouvelle : Saint Ex, c'est plus petit que Gatwick.

La différence de taille est la première chose qui frappe lorsqu'on arrive dans l'aéroport Saint Exupéry de Lyon après avoir passé 6 mois dans les environs d'EGKK. Mais ce qui est petit est mignon, dit-on.
Après 2 journées de vols au départ de LYS, voici mes premières impressions sur ma nouvelle base, et quelques anecdotes sur les journées qui viennent de s'écouler.

easyJet dispose de 3 appareils à Lyon (contre 52 à Gatwick!). Jusqu'au 1er novembre, seuls 2 A319 jouxtaient le terminal 3. Mais avec l'expansion macrophagique de la compagnie, le troisième avion est arrivé, offrant ainsi de nouvelles destinations. Ainsi, Rome Ciampino, Nantes, Edimbourg, Bruxelles viennent s'ajouter aux destinations offertes depuis la capitale des Gones.

LYS est une base pour les cabin crews, pour les F/O (copilotes), mais pas pour les captains, qui continuent d'arriver pour quelques jours depuis diverses bases essentiellement anglaises (LTN, LGW, STD) et logés à l'hôtel dans la ville.
La crew room ne paie vraiment pas de mine vu de l'extérieur... Petite, à l'écart, entourée de grillages... mais l'intérieur contraste avec son apparence, affichant une raisonnable modernité, et un nombre d'ordinateurs et de tables de brieffing juste suffisant pour que 3 équipages puissent y prendre position.

Les destinations sont généralement plus proches que celles de Gatwick. Quelques-unes d'entre elles : Toulouse, Bordeaux, Madrid, Barcelone, Porto, Marrakech, Casablanca, Rome... Les journées se soldent donc souvent par 4 vols quotidiens, d'environ 1 heure chacun.

Ce matin, direction Rome Ciampino, le second aéroport de Rome après Fiumicino. J'arrive bien en avance à la crew room, car Ciampino est un aéroport compliqué (il existe un brief de 78 pages à lire avant de s'y rendre!), pour me préparer au mieux et imprimer (et décortiquer) les documents du vol. Et là, surprise... Un NOTAM (Notice To AirMen) stipule que l'aéroport sera fermé entre 8h30 et 9h30 du matin, pile poil quand nous sommes censés arriver là bas...

Il y a des jours où rien ne va comme on l'espère. On prévoie quelque chose, c'est l'opposé qui arrive. Eh bien, cette journée était l'une d'entre elle. Ciampino fermé, des changements de pistes aux derniers moments au départ comme à l'arrivée, des procédures d'arrivée qui ne correspondent pas à ce que nous avons brieffé au préalable, des ILS qui ne fonctionnent qu'à moitié, du vent de travers avec fortes rafales... Bref, de quoi vous tenir éveillé si vous avez mal dormi la veille.

A l'arrivée sur Ciampino, tous les avions sont envoyés dans ce que nous appelons des circuits d'attente (ou holding patterns). Pour schématiser, les contrôleurs font tourner les avions en rond en attendant que la situation se débloque, avant de les envoyer les uns après les autres, dans une séquence réglée comme du papier à musique, vers l'approche. C'est la démonstration par l'exemple qu'il vaut mieux bien lire les NOTAMS avant de partir, car cela requiert quelques centaines de litres de pétrole supplémentaires dans les réservoirs, sous peine d'avoir à partir vers une autre destionation, pour la plus grande joie des passagers....

Bouchons à l'arrivée = bouchons au départ. Et par effet de dominos, nous serons en retard sur tous nos vols de la journée, la faute à une démonstration militaire matinale en Italie.
Mais cette petite anecdote fait partie du folklore, et je ne me plains pas de ces turpitudes, d'autant que - en raison du mois passé sans voler - je suis accompagné d'un Training Captain sur mes 8 premiers vols avant le Line check après demain.

Bref, je m'amuse comme un petit fou à Lyon, si vous ne l'aviez pas encore compris :)
Merci à vous pour vos messages, j'espère parvenir à vous faire partager ma passion et le rêve que je vis éveillé depuis 6 mois, en dépit de ce que les détracteurs peuvent dire. Nous travaillons dur, nous travaillons beaucoup, mais que c'est bon !!